Cornellà Natura, un projet de nature pour l’urbain

La ville espagnole de Cornellà de Llobregat, élue Feuille verte européenne en 2019, cumule les dispositifs en faveur de la biodiversité. Ces initiatives s’inscrivent dans des stratégies municipales de (re)naturation de l’environnement urbain, qui, au fil du temps, métamorphosent le cadre de vie des habitants.

 

Par­tie intégrante de l’espace métropolitain de haute den­sité bar­ce­lo­nais, Cor­nel­là de Llo­bre­gat bénéficie d’un pro­ces­sus de trans­for­ma­tion urbaine particulièrement impor­tant, voué à redes­si­ner et réorganiser son pay­sage. Bap­tisé Cor­nel­là Natu­ra, ce pro­gramme lancé en 2016 entend répondre aux grands défis d’avenir en matière de bio­di­ver­sité, tels qu’exposés dans l’Agenda urbain 2030 de l’Union européenne.

Anto­nio Balmón, maire de la muni­ci­pa­lité depuis vingt ans, décrit Cor­nel­là Natu­ra comme « une stratégie muni­ci­pale à moyen terme, qui vise à aug­men­ter la nature en ville, à la rendre plus calme, acces­sible, res­pi­rable et sûre : en bref, rendre pos­sible un ave­nir plus habi­table ». Car, à l’image d’une grande par­tie de la région métropolitaine bar­ce­lo­naise, Cor­nel­là de Llo­bre­gat connaît actuel­le­ment une pres­sion démographique galo­pante. La barre des 90 000 habi­tants dépassée pour une super­fi­cie de 7 km², la com­mune cata­lane a décidé de faire face à la menace du dépérissement pro­gres­sif de son envi­ron­ne­ment natu­rel et de chan­ger profondément son rap­port au vivant.

Un pro­gramme ambi­tieux donc, fondé sur trois piliers : aug­men­ter et améliorer la présence de végétation dans les espaces urbains ; pro­mou­voir les mobilités actives et douces ; enfin, encou­ra­ger la consom­ma­tion durable de res­sources. La mai­rie a misé gros, avec un inves­tis­se­ment ini­tial de 46,4 mil­lions d’euros pour plus de 30 actions-pro­jets d’aménagement urbain destinées à l’objectif d’accroître la sur­face végétalisée par habi­tant de 60 %, et par là même, de trans­for­mer le cadre urbain et le pay­sage communal.

Par­mi ces pro­jets, il y a celui de la création de cinq axes verts dans les espaces urbains à haute den­sité, afin d’y intro­duire un maxi­mum de végétation. Pour Anto­nio Balmón, ces axes « doivent consti­tuer un réseau qui rap­proche, qui intègre des espaces natu­rels dans tous les quar­tiers de la ville ». Et au-delà, car ils relient et arti­culent les quar­tiers et équipements publics, afin de créer des continuités végétales au sein de la ville, mais aus­si de l’espace métropolitain. « Les cinq axes nous connectent aux différents parcs, squares et équipements de la ville, ils nous rap­prochent des grands espaces natu­rels comme la rivière et le parc agri­cole », précise Virgínia Vallvé, res­pon­sable du département d’études et actions envi­ron­ne­men­tales au sein de la mai­rie de Cor­nel­là de Llobregat.

Un réseau en voie de pacification

Pour Emília Briones, adjointe au maire, le fait de mener des actions de végétalisation sui­vant des axes per­met de « créer une cohésion dans la ville, d’améliorer la coexis­tence et de prendre soin de la santé des citoyens ». De manière plus générale, ces axes per­mettent « d’enrichir la qua­lité paysagère de Cor­nel­là », ajoute-t-elle. « Nous devons appli­quer l’idée de conti­nuité à la matrice écologique de nos villes », complète Virgínia Vallvé. Le développement de ces axes a bien enten­du nécessité une réflexion et des prises de décisions fortes en matière de mobi­li- tés, avec un leit­mo­tiv : la voi­ture ne doit plus se trou­ver au centre des déplacements. Ce qui a entraîné des inter­ven­tions sur une grande par­tie du réseau de voi­rie ayant fait l’objet d’importantes rénovations.

Par­mi elles, la paci­fi­ca­tion de la rue Igna­si Igle­sias commencée en février der­nier, qui prévoit la réduction de la sur­face de chaussée non drai­nante, un élargissement des trot­toirs et la création de vastes espaces verts bénéficiant d’un système d’arrosage innovant.

Manon Bezard

Le pro­jet Cor­nel­là Natu­ra vise à améliorer le pay­sage urbain et à accroître le confort des piétons en natu­ra­li­sant l’espace public par la création de jar­dins linéaires entre le trot­toir et la route.

© AJ Cornellà

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